Chronique
Les yeux fermés, par Robert Solé
LE MONDE | 08.03.08 | 13h32 • Mis à jour le 08.03.08 | 13h3
Spectacle insolite, vendredi après-midi, dans les rues de Paris : quelques personnes aux yeux bandés se laissaient guider par des aveugles, munis de leur canne blanche et parfois accompagnés de leur chien. Cette initiative voulait attirer l'attention sur le sort des handicapés. Dommage qu'elle soit passée "largement inaperçue" selon la formule consacrée...
Spectacle insolite, vendredi après-midi, dans les rues de Paris : quelques personnes aux yeux bandés se laissaient guider par des aveugles, munis de leur canne blanche et parfois accompagnés de leur chien. Cette initiative voulait attirer l'attention sur le sort des handicapés. Dommage qu'elle soit passée "largement inaperçue" selon la formule consacrée...
Il faut dire que nous sommes volontiers non-voyants quand les choses nous dérangent. L'aveuglement est une maladie très courante, avec des variantes et des complications : la passion aveugle, l'obéissance aveugle, l'orgueil ou la haine aveugles... Mais il en est de même des mal-entendants et des seuls vrais sourds : ceux qui ne veulent pas entendre.
Malgré ses airs pacifiques, la modeste manifestation de vendredi est d'une extrême violence. Elle risque de faire des petits. Un jour d'hiver glacial, sur les Champs-Elysées, des hommes et des femmes en manteau de fourrure formeront une longue file d'attente. Des sans-papiers ou des sans-argent, armés de grandes louches, leur serviront avec compassion des bols de soupe fumante.
No comments:
Post a Comment