Saturday, October 18, 2008

John Galliano:Avez-vous une obsession ? La perfection. La beauté. Le luxe. L’amour.

photo by marguerita


from Paris Match.


Votre parfum se veut l’essence de la Galliano Girl. Qui est-elle ?


John Galliano. Elle est mon amie, ma compagne, mon éternelle insaisis¬sable ! C’est un mélange de plusieurs muses qui ont toujours une longueur d’avance... Elle est comme le vent, on ne peut la rattacher à un pays. La Galliano Girl me suit partout où je vais ; elle voyage à mes côtés, partout, elle est chez elle. Où qu’elle passe, les regards la suivent...

L’avez-vous déjà rencontrée ?
Bien sûr, dans mes rêves...


Si on pouvait remonter dans ses vies antérieures, où et quand aurait-elle vécu ?

Elle vit dans le passé, dans le présent et danse vers le futur... Elle est l’essence de la joie de vivre, l’esprit d’aventure. Elle pourrait être à la cour de Marie-Antoinette, sur un plateau de cinéma avec Marilyn, à la campagne avec Jane Austen, ou flâner sur le marché aux puces de Portobello à Londres.


Emanuel Ungaro était obsédé par la recherche de la “féminité”. Yves Saint Laurent cherchait “l’épure”. Avez-vous une obsession ?

La perfection. La beauté. Le luxe. L’amour.


Comme la madeleine de Proust, quelles sont les senteurs qui vous font monter les larmes aux yeux ?
Je préfère penser à ce que j’aime plutôt qu’à ce qui me répugne, l’odeur du lait caillé par exemple ! J’ai lu quelque part que l’écrivain Rudyard Kipling avait dit : “Pour faire vibrer les cordes du cœur, les odeurs sont plus sûres que ce que l’on voit ou ce que l’on entend.” N’est-ce pas magnifique ? Je suis d’accord avec lui.

Petit, je vivais en Espagne. J’étais enfant de chœur. Je servais la messe de 9 heures, la messe de midi, de 14 heures... Et là, dans l’église, il y avait cette odeur d’encens très forte.


Les Français vous connaissent surtout pour votre travail chez Dior. Quelle différence entre ces deux femmes ?
Mon travail pour Galliano reflète à la fois mes racines latines et anglaises, avec tout ce que cela comporte d’excentricités et d’histoires d’amour. Chez Dior, je suis le gardien d’un héritage. Il me revient de poursuivre le rêve de monsieur Dior, sa vision. Il a créé le New Look, c’est mon rôle de l’adapter pour qu’il garde un caractère novateur, toujours en évolution. Bien que différentes, les deux femmes sont des âmes sœurs.


De façon intime, quelle part de vous-même réservez-vous à la maison Galliano ?
Galliano porte mon nom, c’est mon bébé. J’aime ces deux maisons comme s’il s’agissait de mes enfants. L’une est mon âme et mon nom, l’autre une charge que j’assume avec amour... Différentes certes, mais également chères à mon cœur.


La maison Galliano est logée rue d’Avron, dans un quartier populaire, à mille lieues de l’avenue Montaigne et de Dior. Une excentricité ?
Quand j’ai déménagé de Londres à Paris, j’étais ruiné, mais dans cette ville, capitale mondiale de la couture, chaque rue semblait être pavée d’étoiles, de paillettes et d’opportunités. Cela fait quinze ans que nous nous sommes installés dans le XXe arrondis¬sement de Paris, dans une ancienne usine à jouets reconvertie. Plus qu’une adresse, nous avons trouvé un “chez nous”, un endroit où les rêves sont devenus réalité. J’aime bien l’idée d’évoluer dans deux lieux si différents, cela m’inspire, ils sont chargés de bonnes vibrations.


Comment s’organise votre emploi du temps ? On l’imagine totalement dingue !

Ma vie serait impossible si elle n’était pas organisée. Mon emploi du temps est d’ailleurs réglé avec une précision militaire ! Un vrai travail d’artiste ! J’ai une équipe formidable autour de moi ; ils savent rendre possible l’impossible, ils arrivent aussi à le rendre amusant et inspirant. Chaque jour, j’essaie de parler à chacun d’eux. Je ne fonctionne que grâce à eux. Ils sont ma famille.


A quelle heure vous levez-vous ? A quel rythme s’organise l’une de vos journées ?
Il n’y a pas de règle. En période de défilés, les journées peuvent être très très longues ! Je me lève tôt et fais quelques minutes de sport. La course et le cardio m’aident à me préparer, à me concentrer, et me motivent. Ensuite, réunions, essayages, recherches, séances photo, interviews, défilés... ça dépend.


Que faites-vous quand vous avez un peu de temps pour vous ?
Lire, retrouver mes amis, voyager... Ne rien faire du tout ! C’est un luxe d’avoir le temps de faire ça !


Quels sont vos trois ou quatre lieux préférés au monde ?
Pourquoi se limiter à deux ou trois ? Il y a les endroits où je suis allé et que j’ai adorés, d’autres où j’aimerais me rendre, et certains qui sont mon paradis sur terre : Paris, Londres, Tokyo et New York, cela va sans dire... L’île Maurice, Portofino, Séville, Saint-Pétersbourg, Buenos Aires... Ne me lancez pas sur le sujet...! Les voyages, j’adore ça !

No comments: